Je voudrais te détester, te rejeter, te huer, te maudire, t’effacer, faire comme si tu n’avais jamais existé. Je voudrais hurler, frapper, pleurer à torrents, dire stop, passer à autre chose. Et pourtant 2020, je t’aime, comme j’ai rarement aimé, je t’aime autant que je te hais, et je ne pourrai jamais t’oublier.   Tu m’as fait souffrir, j’ai eu peur, j’ai douté, j’ai espéré, j’ai cru ne plus pouvoir avancer, tu m’as blessée, je me suis demandé pourquoi, comment, si ça valait le coup, ce que je faisais là, quel était ce monde et j’ai espéré longtemps me réveiller. Et pourtant 2020, je t’aime, tu m’as apporté autant que tu m’as pris et je ne pourrai jamais te renier.   Tu as pris le contrôle, tu as tout décidé, tu as été maître de nos vies et tu as joué avec nous, tu as touché et trop souvent coulé, tu as fait s’effondrer le meilleur. Et pourtant 2020, je t’aime, tu as donné la vie et tu as apporté la dernière pierre à mon bel édifice et je ne pourrai jamais te tourner le dos. Tu m’as achevée, j’ai cru ne jamais pouvoir combattre, me relever, survivre . Tu m’as achevée, je me suis sentie entière, sûre de moi, épanouie. Je me suis sentie prisonnière mais ma prison est devenue la bulle la plus douce qui soit. Je me suis sentie privée de libertés mais j’ai eu accès à quelque chose de plus. Je me suis sentie abattue et je me suis effondrée parfois mais je suis restée solide et j’ai réussi à achever la plus belle des constructions.   Alors 2020, je ne peux pas t’en vouloir, je ne peux pas te repousser, je devrais même te remercier. Sans toi, j’aurais moins peur mais sans toi j’aurais plus froid. Sans toi, il y aurait moins de problème à résoudre mais sans toi l’équation serait inachevée. Sans toi je serais sereine et il y aurait moins d’angoisses mais sans toi, je serais incomplète et il y aurait moins de joie. 2020 tu est maligne, tu m’as donné la meilleure raison de m’arrêter là et de sombrer. 2020 tu est maline, tu m’as donné la raison la plus puissante de continuer à vivre et même de t’apprécier. 2020 je t’aime car je ne veux retenir que ce qui m’a élevée, la naissance d’une montagne bien plus forte que tous les petits rochers que tu as tenté de mettre sur notre chemin pour que l’on trébuche un à un. Tu as fait naître un puissant virus qui tente de nous abattre mais tu n’a pas fermé la porte à toutes ces graines qui feront les arbres plus forts de demain. 2020 tu n’as pas réussi à me faire te détester, alors préviens d’ores et déjà 2021 que ce n’est pas la peine d’essayer, et dis lui de garder ses forces pour autre chose, quelque chose de plus doux, d’aussi beau que ce que tu n’as pas pu nous enlever, la naissance.
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