Je suis de celles qui regardent avec étonnement les mamans qui fondent d’amour pour leur progéniture, les mamans dont la vie semble s’arrêter quand elles n’ont pas leur enfant à leurs côtés, les mamans qui sont au bord de la dépression et qui crient leur désespoir sur le net quand elles doivent partir à quelques kilomètres pour la journée, les mamans qui se transforment en fontaine humaine lorsque leur bébé grandit et s’éloigne de plus en plus !

A ces moments, je regarde ces habitantes d’un monde qui me semble bien loin du mien et j’ai envie de leur crier : « Non mais oh ! Sérieusement ? Mais j’en rêve moi ! Une journée pour moi toute seule, une journée pour me reposer, me remettre enfin de cet épuisement maternel bien connu qui semble à son paroxysme chaque jour qui passe. C’est pas juste ! Je suis une cocotte minute sous pression en permanence, je vais probablement mourir d’une crise cardiaque à 40 ans, j’ai besoin d’une pause et toi tu pleures parce que tu connais ça régulièrement ?! Non mais oh ! »

Oui, s’il y a bien un jour que j’attendais avec impatience, c’était celui où j’allais enfin pouvoir me débarrasser confier mes enfants ne serait-ce qu’une journée à la famille pour pouvoir faire tout ce que je n’ai jamais le temps de faire avec en activité number one, loin devant tout le reste, la chose que je n’avais encore jamais vraiment faite, me reposer !
Sur ce point, je joue complètement les mères indignes sans aucun complexe car prendre du temps pour soi me paraît bénéfique voire salutaire lorsque l’on est parent.  

Pourtant, force est de constater régulièrement chez les mères, une abondance de vocabulaire lié au champs lexical du désespoir, face à l’éloignement de leur enfant vécu par elle comme un abandon. Même chez celle pour lesquelles je ne pensais pas que cela aurait eu lieu. Devant leur discours, je m’interrogeais donc et hésitais régulièrement entre pleurer de culpabilité face à ce sentiment que je ne ressens pas et qui semble traverser toute bonne mère, ou pleurer de jalousie face à ce moment de solitude maternelle dont je rêve.

 

Et puis ce jour est arrivé, ce jour où pour la première fois, après trois ans et demi de dévouement total (ou presque) à mes enfants et mon travail (oui bon à toi aussi Paparaignée hein mais tu es autonome en principe ;)), j’allais enfin connaître une nuit sans problème de fièvre, de dents qui poussent, de cauchemar, d’envie soudaine de téter ou juste de se coller à maman et papa, et surtout sans réveil matinal.
Ce jour est arrivé et quelques heures après, une fois le cerveau ayant assimilé la situation, ce n’était pas si simple que le pensait la fausse mère indigne qui sommeille en moi. L’autre mère, la vraie a pris le dessus. Oui, vous avez bien lu, et gardez ce qui va suivre bien en tête car je ne le redirai pas (heureusement ou pas les écrits restent), laisser mes enfants m’a fait bizarre.

Si, si.
Soyons honnête, ça fait du bien tout de même, je le sais à présent puisque je suis en plein dedans.
Je sais aussi que penser que l’on va récupérer est un leurre, je baille à longueur de journée, il me faudrait probablement hiberner pendant un mois pour rattraper le manque de sommeil.
Mais je sais surtout que je n’ai pas envie d’être en hibernation, que je suis comme ça, que je suis ultra active, que je m’ennuie sans eux, que je ne me rappelle plus comment c’était avant qu’ils n’entrent dans notre vie, que j’ai l’impression d’avoir toujours vécu ainsi, sous pression, une bonne pression, celle qui vous donne envie de vivre à 200 % parce qu’on a le temps de rien mais qu’en fait à bien y regarder on profite de tout !
Je sais qu’ils auront profité et nous aussi, on se sera régalés avec Paparaignée, on aura vécu comme quand on avait 25 ans et pas d’enfants, on aura rit, on aura dormi, on aura fait des magasins, on sera allé aux toilettes seul (et ça ça n’a pas de prix), on aura fait de bons repas sans que personne ne pique dans notre assiette, on aura fait moins attention à notre vocabulaire, on aura bu des coups avec des amis sans se préoccuper de quoi que ce soit, on aura écouté le silence, on aura oublié l’heure, mais on ne les aura pas oublié, eux, nos petits, on sera ravi de les retrouver et même si ça se trouve on ne râlera peut-être pas avant quelques heures 😉 et c’est déjà ça de gagné.
Je sais qu’on aura refait le monde un peu différemment mais qu’on sera aussi content de revenir à celui que l’on connaît et qu’on a laissé derrière nous il y a 3 jours, enfin je veux dire  il y a 3 jours, 4 h et 44 minutes exactement à l’heure ou j’écris cet article. Car, à présent, je compte les minutes, mais pas celles que j’aurais imaginé compter, pas celles qui me rendent ma liberté tant attendue et mon sommeil profond disparu, je compte les minutes avant de les retrouver.

 

Alors mea culpa les mères non indignes qui aiment sniffer du bébé à longueur de temps, je crois que vous m’avez contaminé, en tout cas je présente tous les symptômes de la maladie, celle qui rend gagate la mère que je suis devant les bébés qu’elle croise, celle qui me donne envie de chialer verser quelques larmes quand le bébé d’une copine me fait un gros câlin, celle qui me fait me dire que quand même ils me manquent, juste un peu. Je ne pensais pas l’attraper un jour, je crois bien que pour une fois je me suis trompée, mais chuutttt, ne le dites à personne, on pourrait vouloir me les rendre plus vite que prévu 😉 (ambivalence, quand tu nous tiens)

Je ne suis certainement pas aussi démonstrative que d’autres,  je ne suis pas non plus au bout de ma vie, peut-être même que je vais regretter d’avoir dit tout ça dans peu de temps et que je râlerai à nouveau pour avoir du temps pour moi, mais quand même, un sentiment que je croyais avoir en moi en quantité ne dépassant pas le minimum syndical semble avoir pris plus de place que prévu : l’amour maternel

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Et vous, avez-vous pu déjà laisser vos enfants pour prendre un petit bol d’air ? Comment ça s’est passé de votre côté ? N’hésitez pas à commenter ici.

5 réponses
  1. De bulles en aiguilles
    De bulles en aiguilles dit :

    Je fais partie de celle qui laisse leurs enfants avec joie ! Alors certes ils me manquent mais il suffit d’un coup de fil et les entendre se chamailler pour savoir qui va parler en premier me rappelle que ce repos du guerrier me fait du bien !!
    On les laisse parfois un we ou un peu plus pour partir à deux ou faire quelques travaux/aménagement de la maison et on adore ça !
    J’ai aussi du mal à comprendre les mères trop démonstratives en cas de manque même si au fond de moi je vois bien ce qu’elles ressentent… C’est juste carrément moins fort chez moi…

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    • Marie
      Marie dit :

      Exactement pareil, je suis partie avec joie, je pense que ça m’a fait bizarre car c’était la première fois depuis une longue période alors je ne suis pas habituée, maintenant je comprends qu’on peut être comme ça mais c’est bien moins fort chez moi et surtout ça n’a pas duré et maintenant qu’on les a retrouvés, je me dis qu’en fait les nuits étaient chouettes sans eux et j’ai du mal à m’y remettre ! On aurait aimé les laisser avant mais nos familles sont vraiment loin c’est compliqué 🙂 en tout cas on sait que maintenant chaque été on les laissera un peu à défaut de pouvoir le faire de temps en temps dans l’année 😉 et ça sera super pour eux comme pour nous !

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  2. elisa
    elisa dit :

    ah ah c’est fou moi je sniffe du bébé que depuis ses 1 an. avant ça me disait pas. pourquoi ? ben je sais pas au final mais c’est vrai que ça fait du bien quand ils reviennent ou sont loin. nous on le laisse environ une fois par mois et là je sursniffe du bébé kik

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