Un moment qu’il fallait que je vous en parle.
Il y a deux mois, je vous annonçais l’arrivée de Caillou, la nouvelle petite araignée qui agrandissait la famille. Mais depuis, je n’avais pas encore pris le temps de vous raconter un peu sa naissance.
Loup-8jours-35-webN’ayez crainte, vous ne trouverez pas ici les détails techniques d’un accouchement. Ben non, je tiens à garder mes lecteurs quand même 😉 et je ne fais pas dans les écrits de guerre et journaux de bords de champs de bataille 😉 . Et puis bon, vous savez tous comment ça se passe ou presque de ce point de vue là, je ne suis pas une extraterrestre et Caillou n’est pas apparu dans un pet magique de poney arc-en-ciel (quoique, entre le ressenti et la réalité il n’y a qu’un pas), tout propre, tout peigné et tout lisse (oui je sens votre déception mais en fait j’ai fait comme tout le monde, si, si).
Dans cet article, qui risque fort d’être long (fuyez tant qu’il est encore temps), vous trouverez donc surtout des impressions, des détails qui m’ont marquée, les petits trucs et astuces qui nous ont permis d’accueillir Caillou sereinement et surtout la preuve que l’on peut vivre un accouchement et un séjour à la maternité agréables même quand la première fois a quasiment été à l’extrême inverse. Et ça c’est déjà pas mal hein ! 😉

De fait, dans un premier temps, il est nécessaire de passer par une autre étape de notre vie, l’arrivée de Marmouset, qui celle-ci ne s’est pas faite dans la douceur comme vous l’aurez compris. Alors me direz-vous, point d’accouchement ressenti comme absolument merveilleux sans un accouchement difficile avant ? Heureusement non, mais l’histoire d’un accouchement difficile peut permettre aux futurs parents de mieux se préparer et de dédramatiser un peu (et aux déjà parents de se remémorer quelques souvenirs et de relativiser !)

Enchaîner les problèmes  ou l’accouchement numéro 1
(si vous n’avez jamais accouché,  vous pouvez directement passer à l’accouchement numéro 2 qui se trouve dans l’article suivant mais je décline toute responsabilité de « non-préparation au pire » 😉 )
Le jour de l’arrivée de Marmouset, tout se passait bien. Je sentais le super accouchement venir parce que chez moi, apparemment, ça descend tout seul (si vous avez mis des heures et des heures à accoucher, ne me détestez pas tout de suite, j’ai eu mon lot d’autres joyeusetés en compensation). Pratique n’est-ce pas ? Enfin tout est relatif car ça descend bien trop tôt, dès le troisième mois mais ça, c’est une autre histoire. Tout allait bien donc, une jolie nuit de pleine lune, pas un chat une maman à la maternité sur le point d’accoucher mis à part moi, une sage-femme rassurante et même un petit tour dans la maxi baignoire de ouf pour se relaxer (comme celle que l’on voit à la télé dans Baby boom oui parce que ma maternité est passé dans Baby boom héhé). Sauf qu’à quelques minutes du moment fatidique, il s’est passé ça :
– double cordon autour du cou de Marmouset = baisse de son rythme cardiaque = intervention du médecin en urgence avec épisiotomie et forceps
+
– péridurale qui ne fonctionne pas ou pas au bon endroit (je ne sais toujours pas bien) = douleur ++++++  (ben oui forceps et épisio hein) = état second et impossibilité de sentir si je pousse ou pas et bien ou pas.
Bref, un accouchement rapide mais fait « à l’arrach » comme disent les jeunes (comment ça les jeunes disent plus ça ?) qui au final m’a apporté une extrême fatigue, un baby blues (peut-être même un peu plus que ça) et une impression de ne pas avoir réellement mis au monde Marmouset.
Je ne vous passe pas l’après « expulsion » (oui c’est ce doux mot qui est utilisé dans le corps médical, ça aide bien à la sérénité hein ? 😉 ), ce serait vous priver de quelques détails dignes d’un film mêlant l’horreur et le comique. Je devrais plutôt dire « extraction » d’ailleurs dans mon cas. L’après extraction donc, avec la sage-femme qui t’appuie sur le ventre car je cite « désolé Madame, tout n’est pas sorti » et par tout, elle désigne le placenta hein, le bébé lui était en un seul morceau ouf  (vision d’horreur)! Et le doux moment où tu te fais recoudre et où la péridurale ne s’est toujours pas décidée à fonctionner (comment ça j’avais dit pas de détails techniques type « champ de bataille » au début de l’article 😉 ) et où le médecin, au moment du passage de l’aiguille, quand tu serres un peu les dents et que ça se voit, te sort très sérieusement « Vous êtes un peu sensible de cet endroit là non ? ». Et là, pas encore sortie de ton état de quatrième dimension, secouée par ce que tu viens de vivre, la répartie te manque malheureusement mais tu aurais bien aimé lui dire que « Non, non, pas du tout », tous les jours tu te plantes des aiguilles dans le vagin et que tu veux bien partager ce moment de plénitude avec elle, histoire qu’elle saute de joie avec toi et que d’ailleurs, juste avant, c’est aussi par complaisance que tu criais quand elle a activé ses forceps.

Autant vous dire qu’après ça, le bonheur d’avoir son bébé sur son ventre et les pleurs de joies et d’émotions avec sa moitié, on peut s’asseoir dessus. Enfin si tu pleures hein, mais tu pleures parce que tu es perdue, que tu ne comprends pas bien ce qui s’est passé et que ça y est c’est bon tu as vu le bébé, on peut le remettre là où il était maintenant ?
Dans les films, les parents s’embrassent, regardent leur oeuvre avec béatitude et la maman dit au papa, « c’est le plus beau jour de ma vie ». Ben qu’est-ce que ça doit être les autres ?. Moi, bizarrement, ma première phrase au papa fut : « je suis désolée, je ne pourrai pas faire un deuxième ». Note pour moi-même : arrêtez de croire les films niaiseux et les mamans qui te disent, « tu verras c’est que du bonheur ».
Mais bon, comme vous le savez, j’ai fait un deuxième et j’en ai même parlé au papa quelques jours après l’accouchement de ce futur deuxième, il faut croire que le cerveau et le corps sont conditionnés pour oublier et ne garder que le positif (si si apparemment il y a eu du positif, là tout de suite en y repensant, je ne vois pas quoi mais il y en a eu, forcément 😉 ).

Bref, le premier accouchement, je peux le résumer ainsi : trop vite, trop violent, trop confus.

Et la pouasse amenant vraisemblablement la pouasse, ç’aurait été trop beau que cela s’arrête ainsi.
Ayant eu l’extrême privilège de connaître ce qu’on appelle un périnée complet (vous ne connaissez pas, ne comptez pas sur moi pour vous l’expliquer, google s’en fera une joie, on a dit pas de détails so glam 😉 ), j’ai eu un autre privilège, un séjour prolongé à la maternité avec un gros suivi. Un gros suivi, ça ne veut pas dire plus de repos. Parce que toi, tu crois que tu peux te reposer à la maternité, que c’est bon le plus dur est passé ! Mais non, il ne faudrait pas que le retour à la réalité soit trop doux non plus, hein. Alors on vient te voir tous les 5 minutes pour la pesée, la température de bébé, la tienne, la tension, le test machin chose pour bébé, la vérification de la cicatrisation, si tu saignes bien comme il faut (toi tu sais pas bien ce que ça veut dire mais eux visiblement ils ont une idée précise de la chose), si tu vas bien aux toilettes comme il faut, le positionnement au sein (qui change à chaque fois selon la personne qui te le montre), les soins au bébé, le bain, la photo de naissance, les papiers pour déclarer bébé, l’ordonnance pour le retour à la maison, … et j’en passe.
Et puis, si tu as encore plus de chance, voilà ce qui peut se passer.

  • On te dispute parce que tu n’as pas fini de manger quand on ramasse les plateaux (ben oui parce que ton bébé a voulu téter au même moment, c’est vrai quoi il peut pas se caler au bon moment ce fils indigne ! et puis faire ses nuit tant qu’on y est aussi !).
  • On te dit de te débrouiller quand tu demandes de l’aide pour changer bébé et que tu ne tiens pas debout parce que je cite encore « c’est comme ça qu’on apprend ».
  • On t’envoie te faire voir assez clairement lorsque tu rappelles que la sage-femme de jour a demandé que l’on te prenne un peu ton fils la nuit (parce qu’elle était inquiète de ton manque de repos).
  • On découvre le dernier jour où tu es là qu’en fait il y avait un souci d’aération dans ta chambre et que si tu n’arrivais pas à dormir, ce n’est pas parce que l’accouchement t’a transformé en chaudière, mais juste parce que l’on t’a offert le luxe de séjourner dans la chambre sauna (trop généreux, vraiment fallait pas).
  • Et enfin, on t’informe que la dernière pesée se fera la nuit, celle où tu pensais enfin dormir parce que la montée de lait est passée et que ta chambre dispose enfin de l’option aération mais que non à 2h du mat, tu devras déshabiller bébé complètement, le rhabiller (pour une fois qu’il dormait) et le faire téter pour qu’il se remette de ce réveil bien violent. Ben oui, parce que « vous allez sortir demain matin alors faut que tout soit réglé avant la sortie », d’ailleurs, finalement, tu sors seulement à midi passé car personne n’est prêt sauf toi (trop heureuse de partir).

A croire que dans ce moment d’égarement qu’est l’accouchement, le personnel nous fait jouer à la grande loterie de la maternité et que jackpot, j’ai tiré le pack spécial « VDM » 😉

Voilà, un accouchement, ça peut être ça et donc forcément à la maison après, le bonheur est loin d’être présent, la fatigue perdure et le baby blues s’invite plus longtemps que prévu. Mais rassurez-vous aujourd’hui, je le vois comme un scénario digne d’un bon film comique et j’en ris (presque, si, si, quoique parfois jaune 😉 )

Place à la bonne nouvelle, on peut vivre un accouchement DIFFERENT et heureusement. Si je vous ai parlé de ma première expérience, ce n’est pas pour vous effrayer (non non, je vous jure, revenez !) mais pour mieux vous montrer que oui il y a une solution pour ne pas vivre ça. Alors desserez les fesses, il va bien falloir qu’il sorte votre petit bout (comment ça c’est pas les fesses, ah ben tout s’explique alors 😉 ).

Cet accouchement rêvé, je vous en parle ici.

 

 

2 réponses
  1. fabienne
    fabienne dit :

    Merci, merci merci!
    j’ai un bébé de 9 mois et à peu près la même histoire… du 4e degré bien lourd! 😉 le plus dur a finalement été de gérer l’immense abîme entre la réalité complètement horrible et le bonheur maternel à paillettes. donc bon heu une depression hein forcement mais je le cache bien hein, forcement… bref ca fait du bien de te lire et d’en rire. merci! et heu un bon article qqpart sur les sequelles et espoirs apres un 4è degré?? merci!

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    • Marie
      Marie dit :

      Oh j’espère que tu vas aller vite mieux hein parce que je sais ce que c’est mais on s’en sort et je me dis que la parole est libératrice, qu’il faut justement en parler, à qui on peut, c’est difficile, parfois on le fait anonymement, parce que malheureusement, la parole est libératrice mais pas encore suffisamment libérée et le jugement est encore trop présent, comme si l’on ne se jugeait pas assez soi-même. Ta phrase sur « l’immense abîme entre réalité horrible et bonheur à paillettes », c’est exactement ça. Les séquelles sont plus psychologiques que physiques mais on y arrive, mon deuxième m’a un peu sauvé je crois, parce que j’ai compris que ce n’était pas de ma faute et c’est important, la culpabilité est souvent présente et je me dit que lire d’autres histoires, entendre des récits comme le mien, savoir que d’autres vivent cela, ça aide à déculpabiliser et à comprendre, je crois que ça m’a aussi aidé de finir par entendre des amies me dire, « tu as raison, en fait, pour moi aussi, ça a été difficile ». Le travail qu’il y a actuellement sur la mise en avant des violences obstétricales contribue à s’en sortir aussi, car je considère que c’est ce que j’ai vécu, psychologiquement parlant en particulier plus que physiquement, j’en ai fait un autre article, plus tard qui a achevé réellement de me libérer. On n’oublie pas, on en veut aux personnel médical car on se dit qu’on nous a volé quelque chose puis, lorsque l’on va mieux, lorsque l’on a réussit à mettre des mots sur cela et à comprendre d’où vient réellement le problème pour lequel on se sentait coupable et différente des autres mamans, on apprend à se dire qu’il est temps d’avancer, de changer les choses et de modifier le destin car on ne peut pas changer le passé. Tout cela prend du temps, mais ça arrive. Courage, tu n’es pas seule et tu es tout aussi formidable que les autres mamans, c’est certain, sinon, tu ne chercherais pas à trouver un espoir 🙂

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